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Les philosophes grecs en mille mots
Après le boudhisme et l'Islam, intéressons-nous ce mois-ci au miracle grec. 3ème volet de notre tour du monde des savoirs fondateurs de notre monde, James Redfield - Et les Hommes deviendront des dieux - rend aux Césars de la pensée moderne ce qui semble fort devoir leur revenir, de droit.
Bonne lecture !
Le miracle grec.
À l'époque où taoïsme et bouddhisme commençaient à, se développer en Asie, les cités grecques étaient à l'apogée de leur puissance et de leur grandeur. Les richesses accumulées grâce à l'esprit d'entreprise des Grecs favorisèrent des progrès dans divers domaines, politique, mathématiques, histoire et arts, qui posèrent les fondations de la culture occidentale. La démocratie, née à Athènes, l'épicentre de ce réveil culturel, reste un idéal pour le monde entier. De nouvelles écoles philosophiques furent fondées, en corrélation avec des découvertes mathématiques et des observations du monde physique qui anticipaient les méthodes scientifiques des temps modernes. Historiens, dramaturges et orateurs grecs contribuèrent à forger la notion de la grandeur et des droits de l'individu qui allait influencer la Renaissance. Et des penseurs comme Pythagore, Platon et tant d'autres, orientèrent la culture de leur temps vers un mélange de spéculation métaphysique, d'intuition mystique, de finesse psychologique et d'esprit scientifique. Ces évolutions historiques sont à l'origine de l'idée que nous devons explorer: les complexités de notre monde et de notre nature en évolution.
Nommer toutes les grandes figures de la Grèce antique déborderait largement le cadre de ce bref historique, mais certains ont marqué plus que d'autres notre vision des possibilités humaines. Commençons par Pythagore qui a vécu de 580 à 500 avant J.C. environ. Pour lui, il n'existait pas de différence entre « science » et « religion » : comprendre la nature des choses physiques et leur relation avec l'âme humaine était une activité spirituelle. À Crotone, en Italie, il fonda une communauté ascétique vouée à l'étude des mathématiques, à la découverte de soi, à la discipline et à la contemplation du cosmos, car il croyait que cette pratique intégrale exaltait l'âme et la rapprochait de l'éternité. Plusieurs découvertes de la géométrie lui sont attribuées (notamment le célèbre théorème qui porte son nom). Il formula la théorie des intervalles musicaux et imagina les intervalles entre les corps célestes qui, harmonisés, produisaient la fameuse « musique des sphères ». Ses enseignements sur la transmigration des âmes influencèrent Platon, les néoplatoniciens et d'autres philosophes.
Socrate (470-399 avant J.C.) fut l'une des figures importantes d'Athènes au temps de sa splendeur. C'était un homme vigoureux; physiquement et intellectuellement, qui avait bravement combattu pour sa cité, un fin critique des opinions dominantes et un précurseur original de la dialectique, dans la pensée et la conversation. Son scepticisme libérateur se manifeste dans la réponse qu'il est censé avoir donné à l'oracle de Delphes qui affirmait que nul n'était plus sage que Socrate. Si cela est vrai, aurait-il répondu, c'est parce que je suis le seul à savoir que je ne sais rien. Pour lui, les opinions les plus banales devaient être repensées. Sans ce questionnement, la vie ne valait pas la peine d'être vécue. Son obstination à stimuler l'autoanalyse et la critique des normes sociales le firent condamner au bannissement par les autorités athéniennes. Mais sur les conseils de son guide spirituel ou daimon, il préféra choisir la mort. Socrate est devenu un exemple moral et spirituel pour la culture occidentale. Il a mis au point le questionnement dialectique, appelé «méthode socratique », développé chez son principal disciple, Platon. Pendant deux mille cinq cents ans il n'a pas cessé d'être une source d'inspiration éthique.
Selon le philosophe anglais Alfred North Whitehead, toute la philosophie occidentale, ne serait qu'une série de notes ajoutées à l'œuvre de Platon, et la plupart des historiens considèrent qu'aucun philosophe occidental n'a eu plus d'influence que ce disciple de Socrate. Dans ses Dialogues où Socrate est souvent le principal orateur, Platon étudie les éternelles questions concernant notre identité et les modes d'acquisition du savoir. Il proposé aussi des moyens pratiqués de bien vivre, d'améliorer l'éducation et de gérer l'activité sociale et politique. Présentant ses questions et hypothèses sous des formes particulièrement imaginatif et ludique. Bien que ses opinions sur divers sujets aient changé au cours des quarante, années où il écrivit, plusieurs thèmes récurrents marquent son œuvre. Celui de l'anamnèse, par exemple, qui serait notre façon d'apprendre en nous souvenant de ce que nous savions avant notre naissance terrestre. L'idée que le cours de notre vie nous est inspiré comme l'enseignait Socrate, par un guide spirituel ou daimon qui peut être un maître sévère mais que la connaissance de soi permet d'approcher. Grâce à l'interrogation dialectique (dianioa), la pratique de la vertu et de la contemplation ou perception directe (noesis) du vrai, du bon et du beau, l'âme peut trouver la sagesse et la vie éternelle. Platon fonda une école sur les terres de sa famille, près des jardins d'Akademos. Nommée «l'Académie» elle a, pendant neuf siècles développé et propagé la philosophie platonicienne qui, depuis, n'a cessé d'influencer le monde.
Aristote (384-322 avant J.-C.) fut l'élève de Platon, ce qui ne l'empêcha pas de remettre en question certains aspects du système métaphysique de son maître, notam¬ment sa «théorie des formes» selon laquelle il existe des Idées éternelles imparfaitement représentées dans les choses de ce monde. Le génie d'Aristote était universel. Il inventa une logique formelle qui eut une place centrale dans le développement de la pensée occidentale. Il classifia les espèces végétales et animales avec une exactitude qui favorisa la détermination des critères de la biologie moderne (quelque deux mille ans plus tard, Charles Darwin a dit d'Aristote qu'il était « le plus grand biologiste de tous les temps»). Dans sa Poétique il inventa virtuellement la critique littéraire. Ses écrits sur l'éthique comptent parmi les plus influents. L'importance qu'il donne à l'observation attentive du vivant, de l'inorganique et de la nature humaine a contribué à l'élaboration de la méthode scientifique telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui.
En dépit de leurs différences, Aristote et Platon étaient d'accord sur bien des points. Tous deux insistaient sur la connaissance de soi et la pratique de la vertu pour parvenir à la sagesse et à la réalisation de l'être; tous deux affirmaient que nous pouvons apprendre à contempler et donc à « voir» (par la noesis) l'éternelle activité de Dieu; tous deux reconnaissaient la dépendance mutuelle des vertus, disant par exemple que le courage sans prudence est suicidaire ou que la justice sans pitié est cruelle ou brutale. Considérés comme les deux plus grands philosophes de la Grèce antique, ils ont donné au monde l'exemple d'une largeur de vue et d'une souplesse intellectuelle sans précédent en embrassant dans leur vision l'ensemble des réalités physiques, sociales, morales et spirituelles. Leur influence a perduré, non seulement chez les platoniciens et les aristotéliciens, mais aussi dans d'autres écoles de pensée.
On retrouve par exemple leur influence dans l'œuvre de Plotin, l'un des fondateurs du néoplatonisme, qui vécut à Rome au IIIe siècle de notre ère. Il est souvent considéré comme le plus grand philosophe occidental de la période (quinze siècles) qui sépare Aristote de saint Thomas d'Aquin. Sa doctrine, selon laquelle l'ensemble de la création jusqu'à l'homme émane, de « l'Un» et aspire en permanence à y retourner, a profondément influencé la philosophie et la pratique mystique ultérieures, qu'elles soient païennes, juives, chrétiennes ou islamiques. Les écrits de Plotin (rassemblés par son disciple Porphyre dans les soixante-neuf parties de l'ouvrage intitulé les Ennéades restent essentiels aujourd'hui en ce qu'ils suscitent et entretiennent la réflexion sur la nature humaine et sa relation à la Transcendance.
L'apport de la Grèce antique a donc été essentiel pour l'élaboration d'une vision et d'une pratique complexes, globales, de la transformation. Sans la démocratie, inventée par les Athéniens, nous n'aurions ni la liberté de nous connaître nous-mêmes ni la garantie des droits nécessaires pour poursuivre l'exploration de notre potentiel. Sans l'humour farceur, la fertilité et l'esprit scientifique qui caractérisent la philosophie grecque, nous n'aurions pas ce mélange de souplesse intellectuelle et de rigueur indispensables à la théorisation et à l'étude du potentiel humain. Pythagore; Platon, Aristote et autres penseurs grecs étaient des avatars de l'esprit intégral. Ils ont montré au monde comment associer intelligence sociale, spéculation philosophique, pratique de la vertu et intuition mystique dans une vision globale du cosmos et de la nature humaine.
Ecrit par Jeremi, le Samedi 7 Mai 2005, 21:26 dans la rubrique "1 - ZONE LIBRE".
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Commentaires
L'Ægyptien
27-05-05 à 00:35
<p>Les philosophes grecs en mille mots<br />L'Islam en mille mots<br />Le Bouddhisme en mille mots...</p><p>Triste reflet de notre mode de vie actuel, de notre civilisation du Fast-food, du superficiel le plus affligeant. Voulant tout mettre à notre portée, si possible le plus rapidement possible et biensur sans aucun effort, nous réduisons à rien, quelques mots, les doctrines les plus riches.<br />Ces Doctrines, des savants (dans le sens premier de ce mot) ont consacré leur vie à tenter de les pénétrer, de s'en imprégner pour devenir meilleurs et ainsi de s'approcher de la vrai Lumière. Pourquoi devons-nous toujours mutiler les plus grandes choses pour les rabaisser à notre niveau ?<br />Faire ça c'est aussi sale que de réduire toute la musique du XXème siècle à 2 mots : dzim, boum ! Mais qui jusqu'ici s'en rend compte ?</p>
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